Qui l’aurait cru ? Lorsque j’ai commencé un apprentissage de planificateur-électricien en 1985, l’énergie solaire était encore peu considérée – au mieux comme une technique pour mordus, bonne uniquement pour des installations isolées dans les cabanes d’alpage ou de montagne. J’ai donc effectué mon stage dans de nombreuses cabanes du CAS, à monter et installer des installations solaires, des batteries, des onduleurs, des interrupteurs et des lampes.


Auteur: Jürg Grossen, Président de Swissolar, Swiss eMobility et SmartGridready

Traitement rédactionel: Domotech, Marc Schoeffel


À l’époque, les installations solaires coûtaient environ 50 fois plus cher et leur rendement était deux fois moins élevé qu’en 2025. Aujourd’hui, nous sommes à l’aube d’une véritable révolution énergétique. En 2025, 14 % de la consommation suisse d’électricité proviendra du soleil – et c’est à la branche solaire que nous le devons ! Ces dernières années, on a planifié, construit, vissé, installé – avec enthousiasme, compétence et conviction.

La branche solaire a atteint sa maturité et rendu possible ce qui, encore récemment, semblait irréalisable. Mais le chemin vers l’objectif d’expansion fixé par la loi sur l’électricité est encore long. Et la prochaine étape est décisive. L’électricité solaire doit être mieux intégrée et l’ensemble du système électrique doit être adapté.

L’époque où l’on chauffait les boilers électriques la nuit et faisait tourner les machines à laver à ce moment-là est révolue ! Cette logique et cette manière de penser datent des années 1970, quand furent introduites les installations de télécommande permettant de consommer de manière contrôlée les surplus de courant de base provenant des centrales nucléaires. C’était judicieux à l’époque – aujourd’hui, c’est un anachronisme.

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Électricité solaire : l’utiliser quand elle est disponible

En journée, en particulier entre mars et octobre autour de midi, l’électricité est souvent surabondante – et la moins chère ! Et que se passe-t-il ? Les anciens systèmes de télécommande bloquent encore les pompes à chaleur, les bornes de recharge pour voitures électriques et les machines à laver – justement au moment où l’électricité est bon marché. En même temps, ils activent chaque nuit plus d’un million de boilers et de chauffages à accumulation à un tarif plus élevé que celui de la journée. Absurde ! Nous avons besoin d’une nouvelle logique : la recharge des boilers, des pompes à chaleur et des véhicules électriques doit suivre la production – et non des horaires obsolètes. Cela signifie : stocker, piloter et utiliser intelligemment.

Midi est le nouveau minuit

Notre marché de l’électricité doit mieux refléter la réalité. C’est pourquoi nous exigeons un nouveau modèle de marché, avec des incitations pour un comportement bénéfique au réseau. Consommer de l'électricité à midi permet de soulager le réseau, d'économiser de l'argent et de contribuer au tournant énergétique. Et cela nous concerne tous - installateurs, planificateurs, gestionnaires de réseau électrique et décideurs politiques.

Oser le changement

Il faut avoir le courage du changement. Passer d’un raisonnement jour/nuit à une logique solaire/besoins. Loin de la contrainte statique du courant de bande - vers un système énergétique dynamique. En Suisse, le potentiel solaire est encore immense : sur les toits, sur les façades et au niveau des infrastructures.
Celles et ceux qui veulent la transition énergétique doivent repenser la production et la consommation. Et la bonne nouvelle : la technologie est disponible. La branche est prête. Il ne manque plus que la volonté de bien faire les choses. Merci à toutes celles et ceux qui avancent avec nous.

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