congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar : photo de la salle
Le congrès bat chaque année des records d’affluence (photo Swissolar)

Le congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar sur deux jours le 1er et le 2 avril au Kursaal de Berne, a tenu ses promesses. Nous publions le premier article d’une série sur l’événement dans le but de refléter le contenu des moments essentiels de la première journée. Ce premier volet porte sur la conférence introductive du congrès.


Auteur: Pierre Schoeffel

Photos: Swissolar/Pierre Schoeffel


Dans ses mots de salutation, Matthias Egli, directeur de Swissolar, a posé les jalons en dévoilant une série de chiffres encourageants. La production solaire progresse fortement et couvrira, cette année déjà, près de 14 % de la consommation d’électricité en Suisse – un chiffre impensable il y a encore quelques années. Mais pour atteindre les objectifs fixés par la législation, cette production devra être multipliée par plus de trois d’ici à dix ans. Une cadence ambitieuse, qui ne laisse place à aucun ralentissement.

congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar : Matthias Egli
Matthias Egli, lors de son mot de salutation

La présentation du Chairman de l’ETIP PV

Au cœur du congrès Swissolar, la keynote de Rutger Schlatmann, Président del’European Technology and Innovation Platform (ETIP PV) et Cchef de la division Énergie solaire au Helmholtz-Zentrum Berlin für Materialien und Energie (HZB), a marqué les esprits par son analyse lucide et nuancée du développement photovoltaïque en Europe. Il a rappelé que l’énergie solaire deviendra, dans un avenir proche, la source d’énergie la plus compétitive dans la majorité des pays.

S’appuyant sur les dernières données de SolarPower Europe, il a mis en évidence la croissance constante mais sous-estimée du secteur. Si la Suisse a connu une progression impressionnante de 45 % en 2024, l’Europe peine à établir une stratégie industrielle cohérente. Malgré le potentiel incontestable du solaire – dont les courbes de croissance dépassent systématiquement les prévisions – l’absence d’un soutien politique clair freine l’essor d’une production locale de modules photovoltaïques. L’appel à une politique industrielle forte, à l’image de ce que fait la Chine, était l’un des fils rouges de l’intervention.

congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar : RutgerSchlatmann
Rutger Schlatmann a donné le ton lors de sa présentation introductive au congrès photovoltaïque suisse de Swissolar.

La recherche suisse à l’honneur

La présentation a également mis en lumière les défis technologiques à relever pour décupler le rendement des cellules photovoltaïques. L’empilement de couches (tandem cells), les nouveaux matériaux, et l’intégration intelligente au bâti ouvrent des perspectives fascinantes. Mais au-delà de la recherche, Rutger Schlatmann a insisté sur le rôle stratégique de la résilience énergétique : produire localement, avec une faible dépendance, devient un enjeu géopolitique.

En Suisse, les instituts comme l’EPFL ou le CSEM disposent de compétences de pointe dans ce domaine, mais l’enjeu est désormais de transformer ces atouts scientifiques en leviers industriels. Le recyclage, encore trop peu intégré dans les modèles économiques actuels, représente un autre axe d’innovation incontournable, tout comme la traçabilité des matériaux, au cœur des futures normes ESG européennes.

Efforts d’harmonisation

Enfin, la keynote a souligné l’urgence d’harmoniser les réglementations et d’investir dans l’acceptabilité sociale de la transition. Car si la technologie est prête, les freins sont désormais humains, politiques et structurels. L’Europe, avec ses multiples législations nationales, freine l’essor de solutions standardisées pour le bâtiment.

En réponse, des initiatives comme la Co-Programmed Partnership entre la Commission européenne et l’ETIP PV visent à orienter les appels à projets vers des domaines stratégiques. La Suisse, souvent citée comme modèle en matière d’intégration architecturale et de pilotage local, a un rôle clef à jouer : en gardant le cap européen, elle pourrait bien continuer à inspirer ses voisins. Le solaire, loin d’avoir atteint son sommet, entre dans une nouvelle ère – celle de la maturité industrielle et de la souveraineté énergétique.

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