Gabriela Suter, Vice-Présidente de Swissolar et le Conseiller national Jürg Grossen, Président Swissolar, au congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar

Lors du Congrès photovoltaïque suisse 2025 organisé par Swissolar, les deux figures de proue de l'association, Jürg Grossen et Gabriela Suter, ont esquissé une trajectoire ambitieuse pour le photovoltaïque suisse : cap sur 80 % des nouvelles énergies renouvelables d’ici 2050, mais à condition de lever les freins structurels.


Auteur: Pierre Schoeffel

Photos: Pierre Schoeffel


La Conseillère nationale Gabriela Suter, Vice-Présidente de Swissolar et le Conseiller national Jürg Grossen, Président Swissolar ont mis le cap sur 2050 en pointant la méthode et exhortant au courage politique.

Avec 14 % du mix électrique national couverts par le solaire en 2024, la Suisse a doublé sa part en trois ans. Une performance que la Vice-Présidente de Swissolar, attribue directement à l’engagement des professionnels : «Certes, nous ne sommes pas passés de 0 à 100 en cinq ou six secondes, comme peut le faire une voiture électrique, mais notre progression a été presque aussi fulgurante : de 6,8 % à 14 % de part de production en à peine trois ans. C’est à vous que nous le devons. Ce sont vos mains, votre engagement, qui ont permis la réalisation de ces installations. »

Pourtant, malgré ces avancées, le plus dur reste à faire : atteindre 45 TWh d’énergie renouvelable d’ici 2050, dont 80 % devront provenir du solaire. Pour y parvenir, les dirigeants de Swissolar ont présenté six axes d’action, allant du renforcement du cadre réglementaire à l’optimisation de l’intégration réseau, en passant par le soutien à l’innovation et la mobilisation du potentiel foncier.

Gabriela Suter, Vice-Présidente de Swissolar au congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar

Changer de paradigme : vers un solaire piloté, stocké, distribué intelligemment

L’heure n’est plus à la seule multiplication d’installations. Il s’agit désormais de penser le solaire comme un acteur dynamique du système électrique. Cela implique un basculement vers une logique d’effacement, de stockage et de réponse à la demande. Les prix du marché de gros témoignent de cette nouvelle donne : « Nous devons pouvoir alimenter le réseau de manière intelligente et au bon moment. »

Un nouveau design du marché de l’électricité est en cours d’élaboration, misant sur une tarification horaire pour mieux inciter à la consommation locale et au stockage décentralisé. Les communautés énergétiques (RCP – Regroupement pour la consommation propre ou les communautés immobiliaires) en sont les fers de lance, mais restent entravées par des rigidités techniques (réseaux “Muffen”) et des processus de comptage encore flous.

Jürg Grossen, Président Swissolar au congrès photovoltaïque suisse, organisé par Swissolar

Valoriser chaque mètre carré et chaque kWh utile

Le potentiel reste considérable : seulement 10 % des toitures exploitables sont aujourd’hui utilisées. Swissolar plaide pour une accélération sur tous les fronts : infrastructures publiques, façades, parkings, zones agricoles en double usage (agrivoltaïsme). En parallèle, les orateurs ont mis en garde contre les réductions prévues dans les budgets fédéraux alloués à la recherche photovoltaïque.

La Suisse, pionnière dans l’intégration architecturale du solaire, ne doit pas se contenter d’installer : elle doit continuer à concevoir, innover et montrer la voie. La transition sera exigeante, ont-ils reconnu, mais elle est possible — à condition de garder le cap et de faire front commun entre politique, économie et société.

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