Il est Romand, il est un crack en matière de cybersécurité, il est monté sur la plus haute marche du podium à Lyon. Il nous a fait part avec gentillesse et spontanéité des moments extraordinaires qu’il a vécus à Lyon.
Propos recueillis par Pierre Schoeffel
Photos: SwissSkills
Les WorldSkills, également connus sous le nom de « Jeux Olympiques des métiers », sont une compétition internationale qui rassemble des jeunes talents de divers domaines techniques et professionnels. Parmi les nombreuses disciplines en compétition, la cybersécurité se distingue par son importance croissante dans un monde de plus en plus numérique. La catégorie Cybersécurité des WorldSkills met en lumière les compétences essentielles pour protéger les infrastructures numériques contre les menaces toujours plus sophistiquées.
La cybersécurité, au cœur de cette compétition, consiste à protéger les systèmes, les réseaux et les programmes contre les cyberattaques. Les compétiteurs de cette discipline doivent faire preuve d'une expertise technique exceptionnelle, capable d'anticiper, de détecter et de neutraliser les menaces numériques. C'est dans ce contexte que Philippe Dourassov s'est illustré, en compagnie de son coéquipier Edward Booth, décrochant le titre de champion du monde lors des WorldSkills 2024.
Philippe est originaire de Rolle, avec lui la Romandie compte un champion du monde de plus. Nous avons eu le plaisir de lui parler pour une interview.
Philippe, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Comment êtes-vous arrivé à vous intéresser à la cybersécurité?
Philippe Dourassov : Après le gymnase, je me suis intéressé à l'informatique, et plus particulièrement aux problèmes de cybersécurité. Mon parcours est un peu atypique car j'ai appris en autodidacte, surtout en repérant des bugs dans des programmes existants. Je plaisante souvent en disant qu'il est plus facile de «casser» des codes que de les créer ! Je n'avais pas de compétences particulières au départ, mais j'ai suivi de nombreux cours en ligne pour me former.
Comment avez-vous été sélectionné pour les championnats du monde ?
J'ai participé à des épreuves individuelles aux SwissSklills en 2022 et 2023, ce qui m'a permis d'être sélectionné pour former une équipe avec Edward. Nous nous connaissions déjà et savions que nous nous complétions bien. Notre préparation a été intensive pendant 8 mois, principalement en ligne sur Discord. Même si Edward est germanophone et moi francophone, nous communiquions en anglais. Nous nous sommes aussi retrouvés régulièrement à Zurich chez notre expert, Manuel Bürge.
Quelles étaient les épreuves imposées dans la catégorie Cybersécurité ?
Chaque journée de compétition était consacrée à un thème spécifique :
- Sécurisation d'infrastructures.
- Analyse d'un système attaqué pour identifier ce qui s'est passé et mener une enquête.
- Sécurité offensive, où il fallait trouver les failles d'un système et l'attaquer.
- Surveillance en direct pour détecter des attaques en temps réel.
Quelles impressions avez-vous retenues de ces quatre jours de compétition ?
La pression était énorme. Les compétiteurs étaient très forts, mais je fonctionne bien sous pression. Plus elle est forte, plus je me concentre. À la fin de chaque journée, nous étions épuisés, juste envie de dormir. Mais le lendemain, tout recommençait.
À l’issue de la compétition, aviez-vous des espoirs de médaille ?
C'était difficile à dire. Nous avions des impressions mitigées, il y a forcément beaucoup d’espoirs mais nous n'osions pas trop y croire pour éviter une grosse déception. Nous étions contents d'avoir tout donné, et c'était l'impression qui dominait.
Nous avions la vague idée que nous pourrions monter sur le podium, mais nous sommes restés prudents. L'attente des résultats était aussi très stressante, ce n'est jamais facile de gérer cette incertitude.
Comment avez-vous vécu la cérémonie de remise des médailles ?
Oh là, c’était très fort, incroyable !
La cérémonie de remise des médailles a été un moment incroyablement intense. Lorsque l'on nous a appelés, Edward et moi, pour nous présenter devant le podium, nous nous sommes levés en se disant : "On l'a fait, allez, on y va !". Un bénévole est venu nous chercher pour nous accompagner jusqu'au podium. À ce moment-là, la pression montait encore plus, et l'excitation était palpable.
Pendant que nous attendions, nous avons échangé quelques mots avec les autres compétiteurs, tous aussi tendus que nous. On se congratulait mutuellement, se souhaitant bonne chance avec un mélange de respect et de camaraderie. Puis, l'annonce des médailles a commencé. Quand le premier nom a été annoncé et que ce n'était pas le nôtre, on a réalisé que nous étions soit en argent, soit en or. L'attente devenait presque insupportable.
À ce moment-là, je me souviens de m'être tourné vers Edward, et on s'est regardés avec une lueur d'espoir mêlée d'anxiété. Le candidat iranien, qui attendait lui aussi l'annonce de la médaille d'argent, était très impressionnant tout au long de la compétition. Nous étions presque certains qu'il monterait sur le podium. Mais lorsque son nom a été annoncé pour la médaille d'argent, tout s'est soudain accéléré. Les cris de joie de l'équipe suisse derrière la scène, les acclamations des supporters, c'était immense, indescriptible. C'était la consécration de huit mois de travail acharné, et à ce moment-là, j'ai ressenti une immense libération. C'était la fin d'une aventure intense et le début d'une nouvelle phase de notre parcours.
Si vous aviez un message de champion du monde à passer aux jeunes que diriez-vous spontanément ?
Ah, bonne question ! Il y a plein de choses… Silence, puis la réponse :
Spontanément, j’ai envie de dire la chose suivante : il est important de se fixer de grands objectifs dans la vie. Quand on se fixe de grands défis, on peut y travailler, se motiver et se focaliser entièrement sur le but à atteindre.
Et maintenant, quelle est votre activité professionnelle ?
Je suis indépendant, j'ai ma propre entreprise. Je réalise des audits de sécurité informatique pour d'autres entreprises, en lisant notamment des codes pour détecter des failles. J'ai 21 ans et je suis passionné par ce que je fais.
Philippe Dourassov incarne l'excellence dans le domaine de la cybersécurité, avec un parcours qui inspire et une détermination sans faille. Son titre de champion du monde aux WorldSkills 2024 marque une étape importante dans sa carrière, et il est clair que ce n'est que le début d'une aventure prometteuse dans le monde de la cybersécurité. Nous espérons ne pas nous tromper en pensant qu’une belle autoroute s’offre à lui.
Nous adressons nos vives félicitations à Philippe et à Edward Booth et leur souhaitons bonne continuation.
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Source du texte: Pierre Schoeffel
Source de l'image: SwissSkills
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